"La chanson est expansion dans le passé, la photo finitude. La chanson est le sentiment heureux du temps, la photo son tragique. J'ai souvent pensé qu'on pourrait raconter toute sa vie seulement avec des chansons et des photos"

Annie Ernaux




jeudi 9 septembre 2010

D'une violence inouïe

Je ne saurai dire quelle scène est la plus violente dans ce film, mais celle-ci est atroce... Voilà pourquoi je m'épargne (et vous épargne aussi) la toute fin de la scène :-)
Ceci étant dit, de mon point de vue, ce film n'en demeure pas moins fascinant, certes parce que nous atteignons un rare degré de violence, mais surtout par cette atmosphère futuriste, "hors du temps", par cette esthétisation de la violence montrée, qui plus est, de manière "festive" (ici, l'agression se transforme en ballet), par cette attraction-répulsion, ce "je ne peux m'empêcher de regarder" mais "j'en suis écoeuré"; tout cela servi par une musique et une bande-son extraordinaires.
Et si l'on fait abstraction de cette violence pour ne se concentrer que sur la composition des plans, on s'aperçoit que tout est savamment calculé, chaque "objet" prend tout son intérêt, chaque image est une pure merveille visuelle. Il suffit de remarquer dans cette scène, que chaque plan comporte des lignes si fortes qu'elles "encadrent" acteurs et action, et des lignes de fuite si construites qu'elles conduisent inexorablement notre oeil sur ce qui se trame et nous empêchent de nous en détacher. Les mauvais garçons entrent en scène, occupent entièrement l'espace et font une véritable chorégraphie. Vêtus de blanc, avec leur chapeau et rangers noirs, ils semblent tournoyer comme des feux follets...
A mon sens, une séquence a rarement atteint un degré de perfection aussi élevé que celui-ci.
Je pourrais vous faire une analyse bien plus détaillée, mais j'ai peur de vous perdre :-)

http://www.youtube.com/watch?v=faML0QvVb2A
Orange Mécanique - Stanley Kubrick (1971)

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